vendredi 13 février 2015

L'Araucanie , Parc Mallalcahuelo et autour de Liquine


Dimanche 25 Mai
Nous voilà de retour dans la grisaille chilienne. D'un versant à l'autre de la cordillère, tout change brutalement. Fini le ciel dégagé et les températures flirtant avec les 0°. Le  volcan Villarica, un des plus actif du pays est sous les nuages. Nous quittons les montagnes pour les grandes plaines. 


Devant nous, l'Araucanie. Cette région abrite la plus grande population de Mapuches. Une tribu amérindienne qui compte aujourd'hui 600 000 individus au Chili et 300 000 en Argentine. Ce peuple, originaire des Andes chiliennes où nous nous trouvons, à étendu sa culture à toutes les communautés indigènes  environnantes, de la Pampa à la Patagonie Argentine. Ni les Incas, ni plus tard les Espagnols n'arriveront à les soumettre. Les vaillants guerriers défendront leurs terres et résisteront 3 siècles aux conquérants Espagnols ; jusqu'à l'indépendance. L'Argentine et le Chili tout neufs, rivalisent pour la possession des terres australes. La conquête est organisée, les Mapuches exterminés. Les survivants parqués dans des réserves.




Entre Conaripe et la ville de Villarica, on s'arrête acheter du miel.  Plume d'or, l'apiculteur est un activiste dans la défense des droits Mapuche. Après nous avoir fait partager sa passion pour le miel, il nous fait découvrir quelques plantes médicinales locales. Il écrit des articles dans un journal engagé, 100% Mapuche et tient à nous sensibiliser à sa cause. Il nous raconte l'histoire de son peuple,  de la conquête espagnol. Nous échangeons longuement. Peut-être Antoine de Tounens y est-il pour quelque chose dans le capital sympathie porté aux Français ! Ayant parvenu à obtenir le soutien des indigènes, il fonde en 1860, le « Royaume d'Araucanie » lors d'une assemblée Mapuche. Il dote le nouvel état d'une constitution et se fait élire roi. Il se fera arrêter par l'armée chilienne et sera rapatrié en France. Il prépara deux autres expéditions pour conquérir son trône mais échoua. Le Royaume ne fut reconnu par aucun état. Aujourd'hui, la Maison Royale d'Araucanie et de Patagonie a à sa tête le Prince Antoine IV d'Araucanie. Il est en contact étroit avec les groupes Mapuches. Il intervient à travers l'association Auspice Stella, ONG avec statut consultatif spécial auprès du Conseil Economique et Social de l'ONU pour défendre leurs causes.




Sur les bords du Lago Villarica, ce 26 Mai, la brume semble immobile. La voiture est capricieuse, il commence à pleuvoir. Dure de se motiver... Nous décidons tout de même de faire quelque chose de cette journée et nous nous rendons à Temuco pour y découvrir la cuisine locale. Au marché, nous commandons tous les quatre le célèbre Curanto, des fruits de mer dans un bouillon très fort en goût.  La ville n'offre aucun intérêt et le musée sur le peuple Mapuche est fermé. Au Chili, les autoroutes sont très chères et souvent obligatoires pour aller d'un point à un autre. Nous tentons dès que cela est possible, de trouver des alternatives... Après avoir passé une bonne partie de la journée dans un labyrinthe de piste, nous bivouaquons au pied du parc Malalcahuello.




On se réveille au milieu d'une forêt d'Araucaria sous un soleil qui annonce une journée exceptionnelle ! Nous quittons la forêt pour les dunes de sable volcanique. Sur notre droite, les sommets du Lonquimay et du Tolguaca sont enneigés.






La piste est piégeuse, le tronçon devant nous a beaucoup trop de neige. Nous voilà en hors-piste sur les sommets des montagnes de sable volcanique. Les paysages sont extraordinaires. La sensation de liberté aussi ! Sommes-nous encore sur la terre ?





 























Benoit se lance dans une périlleuse descente pour rattraper la piste en contrebas. Je le suis à contre cœur, le 4x4 surf dans la pente abrupte, il ne faudrait pas qu'il parte en travers... La piste continue, nous nous dirigeons lentement vers la mer de nuage. On en prend plein les yeux.














 









Plus loin, quelques Araucarias solitaires apparaissent. Cet arbre, symbole du Chili a des feuilles persistantes très épaisses en forme d'écailles disposées en hélices. Une persistance incroyable de 10 à 15 ans.
















 


 Dans la vallée, la végétation a repris le dessus. La piste se mue en chemin de chèvre boueux. Nous continuons, persuadés que nous allons trouver un passage pour atteindre la vallée suivante et ainsi, éviter un énorme détour et les péages qui vont avec. 


























Après 8 kms chaotiques, dans un virage en épingle, nous sommes bloqués.  La pente est trop forte et la boue omniprésente. Plusieurs tentatives ne donnent rien et il se fait tard.  Nous décidons à l'unanimité d'exécuter un périlleux demi-tour au grand dam de Benoit qui veut continuer à s'acharner. Epuisé par cette formidable journée, nous bivouaquons près du village de Liquine.


Le 28 Mai, la brume traine encore sur le lac que nous surplombons. Le soleil peine à se lever. Il prend son temps, comme nous. On immortalise les couleurs du levant prises au piège dans les nuages qui s'évaporent petit à petit.






















Finalement nous prenons la piste en direction du parc Tolhuaca. Un trajet de toute beauté. On visite une grotte où sort de l'eau soufrée. La source appartient à un hôtel et la baignade s'avère trop couteuse pour nos bourses. Plus loin, on s'arrête déjeuner dans un superbe champ. Avec Benoit, on part explorer la montagne après avoir entendu des cris de joie; on imagine qu'il y a d'autres sources chaudes. Une petite randonnée qui nous conduira dans les hauteurs. Pas d'eau, mais une vue d'ensemble magnifique.





 






Pour autant, nous sommes toujours décidés à éviter les péages et leurs tarifs abusifs. En cette journée, les pistes sont joueuses et nous perdent  fréquemment dans des voies sans issue. Mais elles nous font aussi découvrir des endroits improbables, des paysages changeant et des passages à guet risqués.



Epuisés, un peu perdus, nous nous arrêtons dans une grande clairière au milieu des bois pour passer la nuit. Doit-on continuer sur ce chemin qui a l'air abandonné depuis trop longtemps ? Faire demi-tour? Passer l'impressionnant guet situé à côté de la carrière? La nuit porte conseil... Mais durant la nuit, les éléments se déchainent, la tempête fait rage. Au petit matin, la rivière est en crue et de nombreux arbres sont couchés en travers de la piste. Le challenge du premier tronc, nous a amusé. On commence par le débiter à la machette, on saute dessus avec Benoit pour le rompre, comme des ânes, pendant que les filles se moquent de nous et enfin on l'attache aux deux 4x4  pour le tirer hors de la route....










Le 2ème et le 3ème tronc nous ont paru beaucoup moins drôles...Heureusement deux bucherons armés d'une tronçonneuse arrivent de l’autre côté. Le reste de la piste est donc dégagé. Quel soulagement !






 



A 13h, nous sommes enfin sur le bitume. On abdique devant le péage. Tranquillement on rejoint notre prochaine étape : El Manzano. Un centre de permaculture où nous allons séjourner quelques jours.







2 commentaires:

  1. Toujours de três beaux paysages bien comenter et bien cadré on aprend a chaque episode
    Je ne m'habitue toujours pas au froid dans votre Voyage !!!
    Ca me donne toujours un froid dans le dos !!!
    Et l'aventure !!!
    Chaque tournant peut cacher un arbre
    J'imagine la joie de voir la tronçoneuse apres quelques arbres a la machette

    Gros bisous
    C'est super

    RépondreSupprimer
  2. QUELLE AVENTURE...
    Et les paysages désertiques et volcaniques sont époustoufflants,
    le tout est grandiose... Bravo

    RépondreSupprimer