vendredi 16 janvier 2015

Chiloe , Puerto Montt , Petrohue , Osorno



Il est bien tôt, ce matin du 13 Mai quand nous nous engageons  dans la carcasse d'acier d'un des bateaux de la "naveira australe".  Nous quittons définitivement la carretera austral.




De Puerto Cysnes, nous rejoignons Quellon sur l'île de Chiloé.





Les sommets qui entourent le fjord sont sous les nuages. Il pleut fréquemment durant cette traversée de 18 h qui nous mène sur la plus grande île du Chili. De temps en temps, un rayon de soleil apparait et transforme notre vision de l'environnement. On se laisse littéralement porter... Pas de route à décider, de bivouac à trouver ni de repas à préparer. On est là, avachis au 1er rang, regardant tranquillement défiler les paysages à travers les immenses vitres panoramiques. Il y a peu de passagers et très vite, on s'étale, ca nous change !!! Les filles en profitent même pour faire des lessives qui sèchent sur la main courante devant nous .















Le navire dessert quelques îles isolées, dans ce décor fabuleux où les habitants vivent de la salmoniculture. On y passerai bien quelques jours! Le bateau poursuit son chemin, nous croisons un orque, qui montre sa nageoire dorsale et sa queue avant de s'enfoncer dans les eaux...








Les nuages se dissipent durant la nuit et les premiers rayons du jour inondent la baie de  Quellon dans laquelle nous arrivons. Il règne une tranquillité absolue , une lumière parfaite. Le petit port, haut en couleurs, se réveille.  Au loin, sur le continent, se dessine l'ombre de l'imposant volcan "Corcovado".





















Le village de Quellon est très agréable. Nous déambulons dans les rues bordées de maisons en bois. Le marché propose une multitude de produits frais. Nous sommes impressionnés par la taille démesurée des huitres, des moules, de l'ail et des oignons. 





De retour au port, Benoit et moi discutons avec les pécheurs, pour tenter  de partir avec eux en mer. Ils ne partiront pas avant le lendemain. Nous renonçons à l'expérience pour ne pas perdre 2 jours. Estelle et Fabienne nous poussent alors dans un bouiboui qui jouxte le marché. Nous y dégustons des spécialités locales: la cazuela de vacuna et des empanadas de mariscos, un régal!













Le Chili est au 2ème rang mondial  dans l'élevage du saumon. Une activité qui prit son essor dans les années 1980. Alors qu'il espérait dépasser la Norvège, un virus apparut , l'AIS qui depuis 2007 ne cesse de s'étendre. Quellon est l'épicentre de ce qu'on appelle l'Or Rose. Touché de plein fouet par les crises à répétition, 60% de sa population est au chomage. La salmoniculture se retrouve au coeur de nombreux scandales... Les 550 fermes aquacoles sont responsables de tant de dérèglements qu'il faudrait un article entier pour en faire le tour. 
Sous un beau soleil, nous quittons ce beau village à l'âme tranquille mais détruite.





A Chiloé, une route goudronnée traverse l'île de part en part. Tout les autres accès sont des pistes plus ou moins bien entretenues. La nature y est joliment domptée contrairement à la région sauvage que traverse la carretera austral. En effet, depuis 1553, l'homme moderne a façonné cette  île où climats et collines sont doux. Une alternance de champs, de près, de forêts industrielles, de villages. A l'inverse c'est seulement à partir de 1976 que la carretera austral a permis le désenclavement du Sud, la nature y est restée sauvage. L'île de Chiloé est parsemée d'églises en bois, il en reste 150 dont 16 sont inscrites au patrimoine mondiale de l'Unesco.  Les lutins, démons, fées et esprits en tout genres ont  aussi leurs place ici. Des légendes qui sortent  tout droit de superstitions médiévales européennes, ajustées à la sauce chilote.







Nous remontons l'île par la côte est, le long d'un joli bras de mer, puis nous enfonçons dans les collines. Le soir, nous arrivons sur la côte ouest, au bord du lac Cucao. Sous les couleurs du couchant, les hommes pêchent pendant que les femmes font la ceuillette. La nuit tombé, autour du feu, nous dégustons le saumon acheté le matin (mauvaise pêche). Le dessert sera accompagné d' un coulis de mûres frais.















Le 15, nous  descendons jusqu'à l'océan pacifique et  tentons de rejoindre un village indien uniquement accessible par la plage. Au bout de celle-ci, confrontés à un guet trop profond à marée haute, nous sommes contraints de faire demi-tour .



















Nous  arrivons à Nerron, après la visite d'une église chilote typique, nous continuons vers Castro et ses célèbrent maisons colorées sur pilotis. Le mauvais temps nous tape sur les nerfs. On se console en faisant un tour à la feria artisanale.








De Castro, situé au centre de l'île, nous empruntons de jolies petites pistes vers Dalcahué puis Narron, sur la côte Est. Il pleut encore, Les filles sont déçues de ne pouvoir dégainer les appareils photos tandis que Benoit et moi sommes ravis de faire du 4x4 sur des pistes pourris de plus en plus petites. Parfois nous n'avons d'autres choix que de faire des demi-tours scabreux... Après un arrêt à la cascade de Tocohué, nous arrivons au village Tenaun pour tenter de trouver un bateau qui nous conduirai à l'archipel de Chauques. Une vieille bâtisse abandonnée à l'entrée du village donne le ton. Le coin est quasi-désert. Aucun pêcheur à l'horizon.













A nouveau, nous traversons l'île par les axes les moins fréquentés. De retour sur la côte pacifique, dans le secteur de Chepu, nous décidons de passer par la plage pour essayer de rejoindre un village plus au nord. Nos voitures traversent de profondes flaques visqueuses après avoir descendu de sacrés dénivelés. Estelle et moi ne sommes pas sereins et calmons Benoit qui veut continuer  à suivre des traces qui mènent probablement nulle part.








Par de petites pistes escarpées nous remontons au sommet des collines. Le soleil fait de petites apparitions; nous atteignons la côte nord à l'ouest de Ancud.  Le lendemain, nous partons à la découverte de ce bout de côte, alternant falaises abruptes et plages de sable fin.


























Sur la plage des aglues échouées gisent çà et là.  Certaines pourraient servir de perruques  aux extra-terrestres. Les chilotes ont font un commerce dont les principaux acquéreurs sont les pays asiatiques.










Le matin du 18 Mai, de retour sur le continent, dans la ville de Puerto Mont, nous prenons au marché de quoi nous régaler et partons en direction de la cordillère.






Le soir venu, après avoir traversé une région peuplée d'immigrés allemands à l'architecture caractéristique, nous trouvons une petite plage pour bivouaquer sur les bords du lac Llanquihue. Les nuages cachent le volcan Osorno qui se trouve juste de l'autre côté de la rive.






Lundi 19 Mai, la couverture nuageuse nous pousse à renoncer à l'ascension du volcan Osorno. Non loin de là, au fond d'une vallée escarpée, au mileu de lauriers, canneliers et autres ormes  de grande hauteur, un puissant torrent  aux eaux émeraudes taille son lit entre roches et terre volcaniques noires. Le salto Petrohué nous montre toute sa puissance.














Nous sommes en pleine période de reproduction des saumons sauvages. Ce qu'il se passe est incroyable. Juste à côté de nous, dans ce petit ruisseau qui les a vus naitre, deux saumons d'un mètre de long reprennent leurs forces.  Il  y a 3 ans, grands de 15 cms, ils gagnaient l'océan. Aujourd'hui, après avoir parcouru plus de 1000 kms, ils sont de retour, épuisés. Tellement épuisés que Benoit en soulève un hors de l'eau. A force d'acharnement pour remonter courants et eaux peu profondes, ils en ont perdus les écailles de la queue... Après la ponte, les parents  meurent dans la plupart des cas. Beaucoup n'atteindrons jamais leur lieu de naissance. De nombreux saumons gisent morts, le long des rivières... Ceux là ont réussit.








Tous ces saumons nous montent à la tête, le pêcheur qui est en nous se manifeste. Nous décidons avec Benoit, de tenter notre chance... Nous quittons le parc national pour nous enfoncer dans une vallée plus au sud. Après plusieurs tentatives, nous sommes forcés de constater que le saumon n'est pas con!! Qu'il aime à snober nos appâts même quand celui-ci passe juste devant sa gueule... Faute de poisson, la forêt alentour abonde de champignons que Benoit reconnait formellement: Des "lactaires sanguins". S'ensuivra un barbecue avec l'énorme saumon acheté au marché de Puerto Mont.






Le lendemain, 20 mai, c'est grasse mat', le pied. On tentera de nouveau notre chance à la rivière, en vain. Les fruits de mer des jours précédents auront raison de Benoit qui sombre peu à peu au fond du lit. Osorno enlève enfin son manteau  de nuage.




Quand nous quittons le camps en fin d'après midi, Osorno se dévoile dans une lueur rosée.







Nous attaquons la cordillère jusqu'aux thermes de Aguas Calientes que nous visitons le lendemain. Les pozos naturels sont tièdes et déjà pris par des familles chiliennes arrivées à l'aube. Nous renonçons à la piscine chaude en béton et prenons la route de l'Argentine. La région des 7 lacs est juste de l'autre côté...





2 commentaires:

  1. Joli le Chili ,mais alors ce qu'on y aprend sur le saumon n'encourage pas a en manger comme tout ce qui est industriel d'ailleurs
    Gros bisous

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  2. Superbe article, agréable à regarder et à lire,
    et les festins qui apparaissent à l'écran sont aussi très appétissants...
    mais voyons voir maintenant l'élevage de ces saumons...

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