jeudi 30 janvier 2014

Bahia , et environs...


Nous quittons Natal, les vacances dans les vacances, ce samedi 4 décembre bien décidés a rouler un maximum de kilomètres vers le sud. Nous avons en tête la date butoir du 22 Février, échéance de notre visa brésilien.



Nous traversons l'état du Pernambuco, sans nous arrêter dans les célèbres villes de Recife et Olinda qui règnent sur la région depuis les années 1530. Une des seules régions où les entreprises des premiers portugais furent fructueuses...soumettant les peuples natifs et contraignants les esclaves africains à la culture de la canne à sucre.
Aujourd'hui, le seuil de pauvreté y est deux fois plus élevé que dans le reste du pays.

Les immeubles ont envahis le front de mer, les attaques de requins sont fréquentes… Nous avons peu de temps et on ne nous conseille pas de nous y arrêter. Nous décidons a regret mais avec de bons arguments de passer notre chemin.



En fin de journée nous atteignons l'état de l'Alagoa.
La culture de la canne a sucre est aussi omniprésente dans cet état. Elle épouse a perte de vue monts et collines de l’arrière-pays. Le long de la route apparaissent furtivement les hameaux de maisons en pisées des travailleurs de la canne. Dans les collines de drôles de scarabées mécaniques ramassent la canne a terre, une odeur caractéristique se dégage des champs où la récolte a déjà eu lieu, résidus de canne se décomposant en attendant d’être brulés pour refertiliser la terre.





La bande côtière est vouée à la culture des cocotiers. De paisibles villages de pêcheurs permettent de temps à autres de rejoindre la côte.



La côte, baignée d'une eau translucide, protégée par les récifs, loin de la pression immobilière est un véritable havre de paix.

Face aux jongadas, à l'ombre de la paillote, nous dégustons un poisson frit accompagné de frites de manioc. Devant nous, le lagon translucide que nous traverserons, l'eau jusqu'à la taille, pour rejoindre le récif situé 1km au large.







Alors que nous traversons le lagon, nous croisons un groupe en habits traditionnels. Ils se rendent sur le récif pour une cérémonie de cadomble , déposer des offrandes à une des nombreuses divinités mi-chrétienne mi-païenne. Certainement Lemanja déesse de la mer et des pêcheurs, mère de tous les dieux.



Avant de reprendre la route, on se fait interpeller par un joyeux groupe de brésiliens nous démontrant encore une fois leurs tempéraments chaleureux et leur goût pour la fête et le foot.



Coucher de soleil a Macéo, le boulevard de la plage est fermé à la circulation donnant l’occasion aux nuées de gens à pieds, en skate, à velo, voiturettes et trotinettes de profiter du coucher de soleil dominicale.


Le lendemain, nous décidons de nous arrêter à "la playa dos frances", pourquoi ce nom ? On ne saura pas ! Par contre c'est le meilleur spot du coin et les vagues étaient au rendez-vous. 



En fin de journée nous partons pour la destination conseillée par Patricia et Alessandro. Le Canyon de Xindo, dans les terres, non loin de Paulo Alfonso. Un impressionnant barrage retient un lac artificiel vert émeraude. Le bateau flotte par endroit sur plus de trente mètres d'eau, il nous amène dans un recoin de cette immensité. Les montagnes ocres, encerclent le lac. Les sommets des collines de la vallée ce sont transformés en autant de petites îles paradisiaques. Le bateau s'arrête non loin d'un escarpement, un canyon étroit, petit mais de toute beauté. Dommage que le coin soit gâté par un tourisme un peu trop agressif à notre goût. 























De retour sur la côte, au beau milieu d'une piste de sable peu commode, pour rejoindre un espéré coin paradisiaque, Estelle se rend compte que la galerie est en train de se faire la malle.
4 soudures sur 6 des pieds de la pesante galerie ont lâché, sans parler des fixations à la carrosserie devenues obsolètes. Junglepaj ne bénéficie pas d'une retraite paisible...depuis notre départ de Guyane, que de pistes déglinguées, de tôles ondulées, de chemins escarpés et de dos d'ânes intempestifs (les brésiliens les adorent, ils en mettent partout, dans les virages, en pleine campagne, de toutes tailles... Et surtout ils ne sont jamais indiqués, comme ça les chauffards n'osent pas aller vite !!!)
Et ce n’est que le début de notre mésaventure bahianaise... à croire que l'état ne souhaitait pas nous avoir dans ces pattes !!

Nous avons rejoint le village de Conde, inquiet à chaque instant de retrouver la galerie par terre. Nous y trouvons un ferronnier qui après une journée de travail nous permettra de remettre le pied à l'étrier, pardon, a l'accélérateur et de rejoindre un ptit coin de paradis pour passer la nuit, seuls dans les dunes.






Nous poursuivons par les célèbres route " Estrada de Coco" puis " Ligna Verde" et arrivons au très chic petit village écotouristique de Praia Do Forte. Les constructions harmonieuses intégrées au paysage, les allées ombragées par de magnifiques arbres, la petite baie où nous déjeunerons proposent une atmosphère où il fait bon vivre. Le village accueil le centre de sensibilisation au public et la nurserie du projet Tamar actif dans la sauvegarde de 5 espèces de tortues. Néanmoins le lieu est à ranger dans la catégorie hors budget !!








Vendredi 13, après une nuit éprouvante, coincés entre une station-service et une boite de nuit dans la banlieue de Salvador, nous entamons la visite de la ville haute, le centre historique du Pelorinho.
Les rues désertes à notre arrivée matinale s'emplissent peu à peu d'odeur, de musique, de gens, de vie. Les artisans ouvrent leurs échoppes, les musées leurs portes.




















Le musée le plus intéressant, l’afro-brésilien, nous apprendra beaucoup sur les Orixas, ces divinités bahianaises, mariage de chrétienté et de paganisme africain. Religion particulièrement vivante dans l'état de Bahia dont elle est originaire et vu un peu partout au Bresil. Les croyants font appel aux divinités les mieux disposées à régler leurs problèmes, laissant des offrandes (fleurs, fruits) en remerciements ou attentes.

Oeuvre du plus célèbre artiste de Salvador : Carybé












L'église de Sao Francisco impressionne notre regard. Nous sommes à la recherche des détails, vestiges de l’époque où les esclaves ont été contraints de réaliser la profusion d' ornements décoratifs intérieurs fait de bois sculptés et ornés de feuilles d'or. Les esclaves se sont exprimés en dotant les chérubins de visages difformes, de sexes démesurés et représentant des figures féminines enceintes. Le cloître du couvent est tapissé d'azulejos, carreaux de faïence peints à la main, qui depuis 1723, commencent à souffrir.


Les nombreuses églises du centre historique et le port sont reliés par un réseau de tunnel aménagé dans un but défensif qui a certainement servi à de toutes autres fonctions. Infortunemment, il ne se visite pas.




  




Nous passerons nos deux premières nuits d'hôtel brésiliennes, dans le quartier du Rio Vermelho, plages Nord.  Une petite baie connue pour ces vagues, malheureusement absentes. Nous en profiterons pour sortir le soir dans la vieille ville goûter l'atmosphère : ambiance décontractée et concert live de samba reggae très sympa.













Eglise notre dame de Bomfim (jesus), lieu de pèlerinage, symbole de Bahia. 
Les grilles sont recouvertes de "fita", tissu qu’on lie autour du poignet, engagement décidé et pris avec soi-même pour plusieurs mois, serré par trois nœuds représentant trois vœux censés se réaliser quand ils se délient.






La salle des miracles fait part de témoignages de guérisons, de remerciements, de demandes, en lettres affichées, photos et membres de cire accrochés au plafond. C’est un haut lieu de pèlerinage des chrétiens et cadomblistas qui associent Jésus a Oxala, la principale divinité. C’est aussi une curiosité touristique attirant un monde fou.



 Salvador
Une invitation au voyage, un nom qui résonne, qui fascine, peut-être trop !!
Capitale des colonies portugaises du nouveau monde, son centre historique a gardé le charme de ces vielles pierres, mais la plus africaine des villes brésiliennes a décliné tout au long des XIX et XX èmes siècles. Elle retrouve de nos jours un essor économique lui permettant de reprendre en main son patrimoine tombant en décrépitude. Cet élan est offert par l'industrie pétrochimique installée au fond de la plus grande baie du Brésil, la Baie de tous les saints qui abrite 56 iles à la végétation luxuriante.

Nous visitons 2 des principaux points d’intérêts de la baie, les iles Madre de Deus et ilhas Dos Fradres ( appelée ainsi suite à la mort d’un moine tué sur l’ile par les indiens).

Les îles sont superbes, baignées d'eaux cristallines et tapissées de foret. Cependant l'arrière-plan est plein, plein de cheminées, de citernes, de tuyaux et trafic de cargos pétrochimiques, triste spectacle. De plus, la plupart des îles sont privées, l’intérieur interdit d’accès.







Une manifestation bloquant la route nous empêchera de rejoindre la ville coloniale de Cachoeira, célèbre pour ces cérémonies de cadomble et la beauté de ces pierres.
Le temps est mauvais depuis plusieurs jours déjà, nous repartons en quête de vagues du côté de Salvador.


Après 2 jours de surf et de repos sur la plage de Flamengo au Nord de Salvador, attendant que le mauvais temps ne se dissipe, en vain, nous prenons la route d' un parc national, 400 kms dans les terres.

La 4 voies traversent les collines de champs de canne à sucre,  il y a une heure que nous avons pris la route, quand le pneu arrière droit éclate dans un bruit terrible.
 Apres avoir bien galéré (Le crick ne lève pas la voiture assez haut quand celle-ci est sur la jante.. Ajouter la circulation intense des camions nous frôlant !!, ajouter l’essai infructueux de la 3eme roue de secours, qu'il faut aller chercher la haut et à laquelle il va falloir tarauder 1 mm pour qu’elle puisse s'emboiter.... égale … Une bonne galère...), nous reprenons la route, après 5 minutes la roue de secours éclate encore plus violemment que la première roue! Rien à l’horizon si ce n'est les champs coupés en deux par la BR.A ben non ce n’était pas encore assez galère... Nous voilà bien sur la bande d’arrêt d'urgence, sans monnaie en poche, sans roue supplémentaire, sans savoir quoi faire...
Alors que nous échafaudons des plans tous plus bancales les uns que les autres, une voiture de patrouille de la BR vient à notre secours. 



Une heure plus tard nous reprenons la route.
Une heure plus tard, le voyant d'huile s'allume, je tourne à la station et constate qu'on a pété une durite!!! La réparation effectuée, la nuit tombe, on dort sur place.
Aujourd'hui on a fait 100 kms... !

Le 20 Décembre, de timide éclaircies laissent entrevoir de vastes étendues ponctuées de collines aux sommets caillouteux. La chaine de montagne Sincora se laisse découvrir peu à peu.







Lencois, tire ces rues coloniales de l’époque de la ruée vers l'or. Un petit village magnifique, traversé par une charmante rivière, point de départ des randonnées dans la célèbre Chapada Diamantina. Célèbre pour ces vallées verdoyantes, ces sommets atypiques, ces piscines et rivières aux eaux translucides.

Il pleut toujours, mais nous sommes motivés à ne pas rester enfermé dans notre 2m carré. 






Nous entreprenons l'ascension du Pai Iniacio qui nous prendra 2 bonnes heures sous des pluies intermittentes. Quelques éclaircies nous laissent entrevoir le paysage alentour, de toute beauté.










Le temps déjà pourri depuis 3 jours se dégrade de plus en plus. Il pleut des trombes, certaines routes sont coupées, d'autres inondées, d'autres transformées en rivières.


Les rivières ce changent en torrents et le froid nous assaillis.
La météo n annonce aucune amélioration d'ici la semaine prochaine et Noël est dans 2 jours.
Noël ici ? Et les bassins turquoises, les randos, les cascades, La Fumaca ? (plus haute cascade d Amérique latine après Salto do Angel au Venez).
Plus qu’un mois pour arriver à la frontière ... Le visa…
Toutes ces interrogations nous travaillent.

 On reprendra la route à regret, dégoutés et déçus des 4 derniers jours. Direction la côte avec dans les cœurs l'espoir de trouver un coin super pour passer Noel, un coin qui nous fera oublier ce détour de 800 kms, le froid,  la pluie et les pannes consécutives.










Nous sommes le 23 Décembre, après 2heures de pistes dégeulasses nous mettons nos vieux pneus sur une belle route, à l’entrée du village d'Itacare.
Resté longtemps un petit village de pêcheurs isolé à l’embouchure du Rio de Contas, Itacaré a attiré surfeurs et hippies en quête d'immense forêt tropicale, de plages superbes et biensur de vagues. 
Aujourd'hui, le village est internationalement reconnu, il a su grandir en gardant un peu de cette atmosphère, préservant son environnement dans sa politique écotouristique. 




4 plages se succèdent depuis l’embouchure du Rio : Coroa, Rescende, Tiririca et Praihna, chacune lovées dans de superbes écrins de forêt, descendant en pente abrupte jusqu'à l’océan

De superbes vagues m'attendent à Tiririca, ou nous passerons la nuit.






Ce soir c'est Noel, Estelle à profité de la plage et moi des vagues magnifiques !!
Nous trouvons en fin de journée un hostel trop charmant et dans nos prix !!!
C’est le craquage de Noël, on allait pas rester dans la voiture tout de même !!

Sandy  l'adorable propriétaire américaine, nous invite à le passer avec elle chez un ami neo zelandais. Ce sera une veillée de Noel atypique, a l’accent international autour d'un méchoui de porc.



Le 25 on passera une bonne partie de la journée à profiter du confort de la chambre, avant de la quitter pour une randonnée vers la plage de Jeribucacu, véritable paradis perdu.

 








 Le lendemain on découvrira 2 autres plages préservées accessibles après une bonne marche : Hawaizinho et Engenhoca, puis on essuiera une nouvelle galère, la perte de notre portefeuille.


Le dernier soir, nous profitons d'un concert improvisé sur la plage, feu de bois et caipi.

   


Nous quittons Itacare par une belle route cotière !! 


A Itabuma nous trouvons des pneus d’occaz et le fraiseur nécessaire pour l'ajustement de la 3 eme roue. Nous poursuivons jusqu'à Porto Seguro qui est en cette pleine période de vacances, noir de monde. Une jolie ville où nous nous arrêterons pour dîner mais pas question de dormir ici !

Nous prenons le petit bac. De l'autre côté après 1h de piste défoncée, nous nous arrêtons pour dormir. Au réveil la plage calme de Taipee bordée de falaises rouge s'offre à nous.






Plus tard dans la journée nous arrivons à Transoco, ou les vacanciers sont nombreux.
Le voyant d'huile s'allume : nous venons de REpéter la durite !! La même, la série noire perdure, 3heures d'attente.
Dans nos têtes, quitter Transaco, quitter Bahia, quitter les ennuis qui s'accumulent, dormir dans l'Espirito Santo, conjurer le sort !! Bahia, les pneus, les durites d'huile, la galerie qui s'effondre, le portefeuille qui disparait et le mauvais temps qui nous poursuit !! BAHIA, BAHIA ,on s'en va !!




Espirito Santo, petit état peu touristique, que nous ne ferons que traverser vu le manque de temps et l'actualité météo : Les pluies torrentielles ont laissé 48 000 personnes sans domicile.
Vallées et  montagnes aux sommets étranges se succèdent le long de la route.






Nous arrivons à Guarapari, ville estivale classique bondée de monde, du charme mais sans plus. La plus belle plage selon le guide, celle du Morro, n'a rien d'exceptionnelle. Plus au Nord nous trouvons par contre de petites criques coincées entre les rochers orientées sur le coucher de soleil et la ville. Beaucoup mieux !! 



Le lendemain matin le temps est frais et beau, l'eau froide. Nous nous baignons avant de reprendre la route de Rio. 













Demain c'est le 31, et on compte bien être a Copacabana pour célébrer la nouvelle année. Mais ça c’est une autre histoire !!!



6 commentaires:

  1. pas trop de pannes à l'avenir, j'espère! des bises...

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  2. Que de galères dans cette séquence ! Il y avait vraiment de quoi déprimer...
    Les commentaires toujours aussi savoureux et les photos magnifiques de ces paysages nous ravissent,
    mais j'imagine bien votre état d'esprit dans ces moments d'inquiétude où la technique ne suit pas,
    et où la météo s'y met aussi ! Une vrai Aventure quoi... Heureusement que la suite s'est avérée être plus cool !
    Bisous et encore bravo pour ces moments agréablement partagés

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  3. Malgré les pitites galères, vous êtes de sacrés veinards, bonne route et continuez à nous faire rêver, bizzz!

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  4. Quel beau voyage je viens de faire grâce à vous. Merci.
    En espérant déjà le prochain épisode.
    Bisous à partager.

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  5. toujours aussi captivant vivement la suite mais sans galère !
    gros bisous et bon vent

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  6. Encore une belle étape, malgré les galères !
    mais qu'est-ce que vous êtes BEAUX !
    Nous avons reconnu pas mal de lieux dans Salvador... ça nous ramène presque 10 ans en arrière
    Nous allons tout de suite revisiter Rio

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