Nous
quittons Natal, les vacances dans les vacances, ce samedi 4 décembre bien
décidés a rouler un maximum de kilomètres vers le sud. Nous avons en tête la
date butoir du 22 Février, échéance de notre visa brésilien.
Nous
traversons l'état du Pernambuco, sans nous arrêter dans les célèbres villes de Recife
et Olinda qui règnent sur la région depuis les années 1530. Une des seules
régions où les entreprises des premiers portugais furent
fructueuses...soumettant les peuples natifs et contraignants les esclaves
africains à la culture de la canne à sucre.
Aujourd'hui,
le seuil de pauvreté y est deux fois plus élevé que dans le reste du pays.
Les
immeubles ont envahis le front de mer, les attaques de requins sont fréquentes…
Nous avons peu de temps et on ne nous conseille pas de nous y arrêter. Nous décidons
a regret mais avec de bons arguments de passer notre chemin.
En fin de journée nous atteignons l'état de l'Alagoa.
La culture de la canne a sucre est aussi omniprésente dans cet état. Elle épouse a perte de vue monts et collines de l’arrière-pays. Le long de la route apparaissent furtivement les hameaux de maisons en pisées des travailleurs de la canne. Dans les collines de drôles de scarabées mécaniques ramassent la canne a terre, une odeur caractéristique se dégage des champs où la récolte a déjà eu lieu, résidus de canne se décomposant en attendant d’être brulés pour refertiliser la terre.
La bande
côtière est vouée à la culture des cocotiers. De paisibles villages de pêcheurs
permettent de temps à autres de rejoindre la côte.
La côte,
baignée d'une eau translucide, protégée par les récifs, loin de la pression
immobilière est un véritable havre de paix.
Face aux
jongadas, à l'ombre de la paillote, nous dégustons un poisson frit accompagné
de frites de manioc. Devant nous, le lagon translucide que nous traverserons,
l'eau jusqu'à la taille, pour rejoindre le récif situé 1km au large.
Alors que
nous traversons le lagon, nous croisons un groupe en habits traditionnels. Ils
se rendent sur le récif pour une cérémonie de cadomble , déposer des offrandes
à une des nombreuses divinités mi-chrétienne mi-païenne. Certainement Lemanja
déesse de la mer et des pêcheurs, mère de tous les dieux.
Avant de
reprendre la route, on se fait interpeller par un joyeux groupe de brésiliens
nous démontrant encore une fois leurs tempéraments chaleureux et leur goût pour
la fête et le foot.
Coucher de
soleil a Macéo, le boulevard de la plage est fermé à la circulation donnant
l’occasion aux nuées de gens à pieds, en skate, à velo, voiturettes et
trotinettes de profiter du coucher de soleil dominicale.
Le
lendemain, nous décidons de nous arrêter à "la playa dos frances",
pourquoi ce nom ? On ne saura pas ! Par contre c'est le meilleur spot du
coin et les vagues étaient au rendez-vous.
En fin de
journée nous partons pour la destination conseillée par Patricia et Alessandro.
Le Canyon de Xindo, dans les terres, non loin de Paulo Alfonso. Un impressionnant
barrage retient un lac artificiel vert émeraude. Le bateau flotte par endroit sur
plus de trente mètres d'eau, il nous amène dans un recoin de cette immensité. Les
montagnes ocres, encerclent le lac. Les sommets des collines de la vallée ce
sont transformés en autant de petites îles paradisiaques. Le bateau s'arrête
non loin d'un escarpement, un canyon étroit, petit mais de toute beauté. Dommage
que le coin soit gâté par un tourisme un peu trop agressif à notre goût.
De retour
sur la côte, au beau milieu d'une piste de sable peu commode, pour rejoindre un
espéré coin paradisiaque, Estelle se rend compte que la galerie est en train de
se faire la malle.
4 soudures
sur 6 des pieds de la pesante galerie ont lâché, sans parler des fixations à la
carrosserie devenues obsolètes. Junglepaj ne bénéficie pas d'une retraite
paisible...depuis notre départ de Guyane, que de pistes déglinguées, de tôles
ondulées, de chemins escarpés et de dos d'ânes intempestifs (les brésiliens les
adorent, ils en mettent partout, dans les virages, en pleine campagne, de
toutes tailles... Et surtout ils ne sont jamais indiqués, comme ça les chauffards
n'osent pas aller vite !!!)
Et ce n’est
que le début de notre mésaventure bahianaise... à croire que l'état ne
souhaitait pas nous avoir dans ces pattes !!
Nous avons
rejoint le village de Conde, inquiet à chaque instant de retrouver la galerie
par terre. Nous y trouvons un ferronnier qui après une journée de travail nous
permettra de remettre le pied à l'étrier, pardon, a l'accélérateur et de
rejoindre un ptit coin de paradis pour passer la nuit, seuls dans les dunes.
Nous
poursuivons par les célèbres route " Estrada de Coco" puis "
Ligna Verde" et arrivons au très chic petit village écotouristique de
Praia Do Forte. Les constructions harmonieuses intégrées au paysage, les allées
ombragées par de magnifiques arbres, la petite baie où nous déjeunerons
proposent une atmosphère où il fait bon vivre. Le village accueil le centre de
sensibilisation au public et la nurserie du projet Tamar actif dans la sauvegarde
de 5 espèces de tortues. Néanmoins le lieu est à ranger dans la catégorie hors
budget !!
Vendredi
13, après une nuit éprouvante, coincés entre une station-service et une boite
de nuit dans la banlieue de Salvador, nous entamons la visite de la ville
haute, le centre historique du Pelorinho.
Les rues
désertes à notre arrivée matinale s'emplissent peu à peu d'odeur, de musique,
de gens, de vie. Les artisans ouvrent leurs échoppes, les musées leurs portes.
Le musée
le plus intéressant, l’afro-brésilien, nous apprendra beaucoup sur les Orixas,
ces divinités bahianaises, mariage de chrétienté et de paganisme africain. Religion
particulièrement vivante dans l'état de Bahia dont elle est originaire et vu un
peu partout au Bresil. Les croyants font appel aux divinités les mieux disposées
à régler leurs problèmes, laissant des offrandes (fleurs, fruits) en remerciements
ou attentes.
Oeuvre du plus célèbre artiste de Salvador : Carybé
L'église
de Sao Francisco impressionne notre regard. Nous sommes à la recherche des
détails, vestiges de l’époque où les esclaves ont été contraints de réaliser la
profusion d' ornements décoratifs intérieurs fait de bois sculptés et ornés de
feuilles d'or. Les esclaves se sont exprimés en dotant les chérubins de visages
difformes, de sexes démesurés et représentant des figures féminines enceintes.
Le cloître du couvent est tapissé d'azulejos, carreaux de faïence peints à la
main, qui depuis 1723, commencent à souffrir.
Les
nombreuses églises du centre historique et le port sont reliés par un réseau de
tunnel aménagé dans un but défensif qui a certainement servi à de toutes autres
fonctions. Infortunemment, il ne se visite pas.
Nous
passerons nos deux premières nuits d'hôtel brésiliennes, dans le quartier du
Rio Vermelho, plages Nord. Une petite
baie connue pour ces vagues, malheureusement absentes. Nous en profiterons pour
sortir le soir dans la vieille ville goûter l'atmosphère : ambiance
décontractée et concert live de samba reggae très sympa.
Eglise
notre dame de Bomfim (jesus), lieu de pèlerinage, symbole de Bahia.
Les
grilles sont recouvertes de "fita", tissu qu’on lie autour du poignet,
engagement décidé et pris avec soi-même pour plusieurs mois, serré par trois nœuds
représentant trois vœux censés se réaliser quand ils se délient.
La salle
des miracles fait part de témoignages de guérisons, de remerciements, de
demandes, en lettres affichées, photos et membres de cire accrochés au plafond.
C’est un haut lieu de pèlerinage des chrétiens et cadomblistas qui associent Jésus
a Oxala, la principale divinité. C’est aussi une curiosité touristique attirant
un monde fou.
Une
invitation au voyage, un nom qui résonne, qui fascine, peut-être trop !!
Capitale
des colonies portugaises du nouveau monde, son centre historique a gardé le
charme de ces vielles pierres, mais la plus africaine des villes brésiliennes a
décliné tout au long des XIX et XX èmes siècles. Elle retrouve de nos jours un
essor économique lui permettant de reprendre en main son patrimoine tombant en
décrépitude. Cet élan est offert par l'industrie pétrochimique installée au
fond de la plus grande baie du Brésil, la Baie de tous les saints qui abrite 56
iles à la végétation luxuriante.
Nous
visitons 2 des principaux points d’intérêts de la baie, les iles Madre de Deus
et ilhas Dos Fradres ( appelée ainsi suite à la mort d’un moine tué sur l’ile
par les indiens).
Les îles
sont superbes, baignées d'eaux cristallines et tapissées de foret. Cependant l'arrière-plan
est plein, plein de cheminées, de citernes, de tuyaux et trafic de cargos pétrochimiques,
triste spectacle. De plus, la plupart des îles sont privées, l’intérieur interdit
d’accès.
Une
manifestation bloquant la route nous empêchera de rejoindre la ville coloniale
de Cachoeira, célèbre pour ces cérémonies de cadomble et la beauté de ces
pierres.
Le temps
est mauvais depuis plusieurs jours déjà, nous repartons en quête de vagues du
côté de Salvador.
Après 2
jours de surf et de repos sur la plage de Flamengo au Nord de Salvador,
attendant que le mauvais temps ne se dissipe, en vain, nous prenons la route d'
un parc national, 400 kms dans les terres.
La 4 voies
traversent les collines de champs de canne à sucre, il y a une heure que nous avons pris la
route, quand le pneu arrière droit éclate dans un bruit terrible.
Apres avoir bien galéré (Le crick ne lève pas la voiture assez haut quand celle-ci est sur la
jante.. Ajouter la circulation intense des camions nous frôlant !!, ajouter l’essai
infructueux de la 3eme roue de secours, qu'il faut aller chercher la haut et à
laquelle il va falloir tarauder 1 mm pour qu’elle puisse s'emboiter.... égale …
Une bonne galère...), nous reprenons la route, après 5 minutes la roue de
secours éclate encore plus violemment que la première roue! Rien à l’horizon si
ce n'est les champs coupés en deux par la BR.A ben non ce n’était pas encore
assez galère... Nous voilà bien sur la bande d’arrêt d'urgence, sans monnaie en
poche, sans roue supplémentaire, sans savoir quoi faire...
Alors que
nous échafaudons des plans tous plus bancales les uns que les autres, une
voiture de patrouille de la BR vient à notre secours.
Une heure plus tard nous reprenons la route.
Une heure
plus tard, le voyant d'huile s'allume, je tourne à la station et constate qu'on
a pété une durite!!! La réparation effectuée, la nuit tombe, on dort sur place.
Aujourd'hui
on a fait 100 kms... !
Le 20 Décembre, de timide éclaircies laissent entrevoir de vastes étendues ponctuées de collines aux sommets caillouteux. La chaine de montagne Sincora se laisse découvrir peu à peu.
Lencois,
tire ces rues coloniales de l’époque de la ruée vers l'or. Un petit village
magnifique, traversé par une charmante rivière, point de départ des randonnées
dans la célèbre Chapada Diamantina. Célèbre pour ces vallées verdoyantes, ces
sommets atypiques, ces piscines et rivières aux eaux translucides.
Il pleut
toujours, mais nous sommes motivés à ne pas rester enfermé dans notre 2m carré.
Nous
entreprenons l'ascension du Pai Iniacio qui nous prendra 2 bonnes heures sous
des pluies intermittentes. Quelques éclaircies nous laissent entrevoir le
paysage alentour, de toute beauté.
Le temps déjà
pourri depuis 3 jours se dégrade de plus en plus. Il pleut des trombes,
certaines routes sont coupées, d'autres inondées, d'autres transformées en
rivières.
Les
rivières ce changent en torrents et le froid nous assaillis.
La météo n
annonce aucune amélioration d'ici la semaine prochaine et Noël est dans 2
jours.
Noël ici ?
Et les bassins turquoises, les randos, les cascades, La Fumaca ? (plus haute
cascade d Amérique latine après Salto do Angel au Venez).
Plus qu’un
mois pour arriver à la frontière ... Le visa…
Toutes ces
interrogations nous travaillent.
Nous
sommes le 23 Décembre, après 2heures de pistes dégeulasses nous mettons nos
vieux pneus sur une belle route, à l’entrée du village d'Itacare.
Resté
longtemps un petit village de pêcheurs isolé à l’embouchure du Rio de Contas, Itacaré
a attiré surfeurs et hippies en quête d'immense forêt tropicale, de plages
superbes et biensur de vagues.
Aujourd'hui,
le village est internationalement reconnu, il a su grandir en gardant un peu de
cette atmosphère, préservant son environnement dans sa politique écotouristique.
4 plages
se succèdent depuis l’embouchure du Rio : Coroa, Rescende, Tiririca et
Praihna, chacune lovées dans de superbes écrins de forêt, descendant en pente
abrupte jusqu'à l’océan
De
superbes vagues m'attendent à Tiririca, ou nous passerons la nuit.
Ce soir
c'est Noel, Estelle à profité de la plage et moi des vagues magnifiques !!
Nous
trouvons en fin de journée un hostel trop charmant et dans nos prix !!!
C’est le
craquage de Noël, on allait pas rester dans la voiture tout de même !!
Sandy l'adorable propriétaire américaine, nous
invite à le passer avec elle chez un ami neo zelandais. Ce sera une veillée de
Noel atypique, a l’accent international autour d'un méchoui de porc.
Le 25 on passera une bonne partie de la journée à profiter du confort de la chambre,
avant de la quitter pour une randonnée vers la plage de Jeribucacu, véritable
paradis perdu.
Le dernier
soir, nous profitons d'un concert improvisé sur la plage, feu de bois et caipi.
Nous quittons Itacare par une belle route cotière !!
A Itabuma
nous trouvons des pneus d’occaz et le fraiseur nécessaire pour l'ajustement de
la 3 eme roue. Nous poursuivons jusqu'à Porto Seguro qui est en cette pleine période
de vacances, noir de monde. Une jolie ville où nous nous arrêterons pour dîner mais
pas question de dormir ici !
Plus tard
dans la journée nous arrivons à Transoco, ou les vacanciers sont nombreux.
Le voyant
d'huile s'allume : nous venons de REpéter la durite !! La même, la série noire
perdure, 3heures d'attente.
Dans nos têtes,
quitter Transaco, quitter Bahia, quitter les ennuis qui s'accumulent, dormir
dans l'Espirito Santo, conjurer le sort !! Bahia, les pneus, les durites
d'huile, la galerie qui s'effondre, le portefeuille qui disparait et le mauvais
temps qui nous poursuit !! BAHIA, BAHIA ,on s'en va !!
Espirito
Santo, petit état peu touristique, que nous ne ferons que traverser vu le
manque de temps et l'actualité météo : Les pluies torrentielles ont laissé
48 000 personnes sans domicile.
Vallées
et montagnes aux sommets étranges se succèdent
le long de la route.
Nous
arrivons à Guarapari, ville estivale classique bondée de monde, du charme mais
sans plus. La plus belle plage selon le guide, celle du Morro, n'a rien d'exceptionnelle.
Plus au Nord nous trouvons par contre de petites criques coincées entre les
rochers orientées sur le coucher de soleil et la ville. Beaucoup mieux !!
Le lendemain matin le temps
est frais et beau, l'eau froide. Nous nous baignons avant de reprendre la route
de Rio.
Demain c'est le 31, et on compte bien être a Copacabana pour célébrer la nouvelle année. Mais ça c’est une autre histoire !!!
pas trop de pannes à l'avenir, j'espère! des bises...
RépondreSupprimerQue de galères dans cette séquence ! Il y avait vraiment de quoi déprimer...
RépondreSupprimerLes commentaires toujours aussi savoureux et les photos magnifiques de ces paysages nous ravissent,
mais j'imagine bien votre état d'esprit dans ces moments d'inquiétude où la technique ne suit pas,
et où la météo s'y met aussi ! Une vrai Aventure quoi... Heureusement que la suite s'est avérée être plus cool !
Bisous et encore bravo pour ces moments agréablement partagés
Malgré les pitites galères, vous êtes de sacrés veinards, bonne route et continuez à nous faire rêver, bizzz!
RépondreSupprimerQuel beau voyage je viens de faire grâce à vous. Merci.
RépondreSupprimerEn espérant déjà le prochain épisode.
Bisous à partager.
toujours aussi captivant vivement la suite mais sans galère !
RépondreSupprimergros bisous et bon vent
Encore une belle étape, malgré les galères !
RépondreSupprimermais qu'est-ce que vous êtes BEAUX !
Nous avons reconnu pas mal de lieux dans Salvador... ça nous ramène presque 10 ans en arrière
Nous allons tout de suite revisiter Rio